Tom Callemin

L'oeuvre de Tom Callemin (né à Ostende en 1991, vit à Gand) s'intéresse à ce que signifie le fait de photographier quelqu'un ou quelque chose. Ainsi, il n'est pas à la recherche d'images provenant de la réalité mais il tente plutôt de reconstituer certains souvenirs. La plupart du temps, les photographies sombres avec peu voire pas de couleurs évoquent une humeur étrange et silencieuse qui n'est pas figée dans le temps et l'espace. Les personnages sur ces photographies semblent absorbés dans leurs pensées et retirés dans leur propre monde. Ses images fabriquent une expérience. Il s'agit de l'évocation d'un instant énigmatique sur lequel le spectateur n'a pas la main. Dans ses différentes photographies, l'on peut reconnaître les diverses stratégies utilisées par l'artiste pour aborder la question centrale du rôle du photographe. De cette façon, il examine, entre autres choses, les limites du portrait. L'interaction entre le photographe et le modèle est le thème central. Quel rôle peut adopter le photographe ? Comment peut-il s'engager dans cette interaction ? L'artiste tente de représenter une personne qui n'est pas impliquée dans le jeu de la photographie, lequel jeu consiste à regarder et être regardé. Callemin fait poser ses modèles dans le noir. Dès qu'ils sont totalement détendus et ont oublié la présence du photographe, il prend une photo avec un flash puissant. Il essaie ainsi d'obtenir une prise non réfléchie et sincère. Cependant, le rôle qu'il joue dans l'enregistrement de ce moment est ambigu, son influence sur le résultat final étant relativement importante. L'artiste ne fait jamais d'instantanés mais dirige chaque petit détail de l'image méticuleusement. Le flash puissant révèle la spontanéité contrôlée. L'on retrouve l'influence sensible du théatre et du cinéma dans la façon dont le sujet est dépeint et dont l'artiste reconstitue certains événements et souvenirs. Il écarte ainsi toute forme de récit. Il essaie plutôt d'isoler un moment précis, un non-moment qui dure, figé dans le temps et l'espace.  Son oeuvre ne se divise pas en séries mais chacune de ses photographies est autonome et génère de nouvelles interprétations avec chaque combinaison. L'homogénéité vient du simple fait de regarder. Dans chaque oeuvre, une nouvelle situation est montrée au photographe et donc au spectateur. Quelque chose qui semble recouvert et que nous ne devions pas voir. L'acte de voir devient une confrontation qui a tendance à devenir voyeuriste, voire violent. D'autres photos montrent quelque chose qui est pensé pour être montré tout en posant la question de la finalité d'offrir à voir au spectateur.