Presentation

L’installation Dislocated confronte sur trois écrans cinq montages inédits réalisés par Laurent Fiévet en 2014 à partir d’extraits des comédies musicales américaines :  Down Argentine Way (Sous le ciel d’Argentine) d’Irving Cummings (1940), The Gang’s all here (Banana Split) de Busby Berkeley (1943), The Band Wagon (Tous en scène) de Vincente Minnelli (1953),  West Side Story de Robert Wise et Jerome Robbins (1961) et Mary Poppins de Robert Stevenson (1964).


Procédant par jeux d’allers et retours dans la matière des extraits filmiques utilisés, chacun des montages  malmène les corps en présence, évoluant en solo, en couples ou en groupes selon les œuvres détournées. Il les désarticule en des mouvements acrobatiques et des enchaînements périlleux qui expliquent en partie le titre donné à l’installation.


Le travail effectué autour de la représentation au cinéma du corps dansant et du genre de la comédie musicale inscrit Dislocated dans le prolongement de la série de montages They Shoot Horses Don’t They? réalisés par l’artiste en 2010 et 2011. Mais contrairement à cette dernière où ils étaient plus indépendants, les jeux de va-et-vient opérés par l’image déterminent directement la logique sonore des montages pour produire des effets de structuration et de composition musicales qui rappelle davantage les recherches effectuées autour du langage dans la série Swing High, Swing Low (2012) ou du sifflement dans la série Whistle (2013-2014).

 
Le terme Dislocated engage d’autres types de résonnances au sein des extraits filmiques rassemblés. Il renvoie aussi bien à des effets de décrochements narratifs opérés par la fiction (interruption de la trame récit pour l’introduction du numéro dansé, basculement des personnages dans un registre plus imaginaire ou onirique),  qu’à des ruptures stylistiques dans l’esthétiques des séquences remaniées (à travers l’introduction d’éléments d’animation ou des effets chorégraphiques remarquables),  voire à  un déracinement géographique, identitaire ou social propre aux personnages représentés qui traduisent une forme de malaise dans leur rapport au monde ou leur incapacité à s’intégrer dans une société trop codifiée.


Il introduit également une réflexion sur le processus d’extraction qui permet aux corps de danser de concert au sein d’une même installation, dans un contexte qui ne tient plus d’une compétition comme le proposait They Shoot Horses, Don’t They?, mais au contraire participe d’une forme de communion invitant les personnages à partager, malgré les univers contrastés dont ils émanent, un enthousiasme commun  et un même plaisir à se retrouver.

Laurent Fievet

Loop

jeudi 5 - dimanche 8 juin 2014

Barcelona