Martine Schildge

Au début, c?est le geste d?une pierre oubliée. Trouver, choisir, sentir et porter la pierre dans ses mains, lire sa forme. Chaque pierre collectée porte les stigmates de leur temps. Les pierres sont brutes, elles n?ont pas été travaillées et gardent leurs formes originelles. Ces pierres millénaires ce sont posées là, déplacées par le flux de l?eau ou par le mouvements des sols. Extirpée de son environnement, déplacée, elle devient autre. C?est aussi une histoire de force, de taille et de poids. J?enveloppe les pierres de feutre blanc, la couture réécrit chaque facette et trace les lignes de jonctions. Les points de couture soulignent les cicatrices de la pierre. La trace du temps a disparu, parfois une infime partie de la matière reste apparente et commence à dévoiler la matière / pierre. J?en prends soin et je les console, ce geste est peut-être un geste de protection, une autre peau. Les pierres devenues blanches, je commence à les répartir sur un espace. Les « sculptures » créent le paysage. L?inclinaison du sol crée un instant de paysage. Le sol en miroir crée de nouveaux horizons, et déséquilibre l?instant. Le paysage se dédouble en parallèle au mur.

 

Des dessins déployés sur le mur soulignent le contour des sculptures et leurs formes entre plein et vide. Elles échappent à l?inertie et à la pesanteur. Leur présence devient un dessin. Leurs empreintes sur le mur délimitent leurs formes et retrouvent l?idée de la pierre.

 

Dans les dessins je fouille les pierres. Ces accumulations de dessins de pierres tirées et tendues sont épuisées jusqu`à l?abstraction. Toutes les possibilités de représentation sont en perpétuelle évolution.